Epreuve "Approches des sciences humaines"

 

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L’épreuve de culture générale ne donnant plus satisfaction depuis quelque années (trop complexe et peu lisible, socialement discriminante), le jury de l’ENS de Lyon a entamé il y a deux ans une réflexion pour la faire évoluer et a choisi de lui substituer une nouvelle épreuve qui reste commune aux séries Lettres et

Arts, Langues vivantes et Sciences humaines. Le but de cette épreuve est de permettre au candidat à l’ENS de Lyon, quelle que soit son origine, de se constituer une culture, non pas seulement « générale », mais en lien avec la formation intellectuelle qu’il reçoit et l’identité de l’école qu’il prépare. En d’autres termes, le jury souhaite que cette épreuve amène chaque candidat à lire un certain nombre d’ouvrages de référence en lettres et sciences humaines. Ce bagage doit lui permettre de mieux se préparer à chacune des autres épreuves du concours, mais aussi d’avoir un premier contact avec des ouvrages de recherche qui ont marqué les disciplines de lettres et sciences humaines.

 

Le programme : L’épreuve reposera sur un programme limité d’œuvres à lire, renouvelable par tiers tous les trois ans.

 

Descriptif de l’épreuve :

  1. Durée de l’épreuve : 1 h de préparation ; 25 minutes devant le jury (environ 10 mn d'exposé, environ 15 mn d'entretien avec le jury).

  2. Nature de l’épreuve : le candidat tire au sort un texte extrait d'un des ouvrages au programme. Il prendra appui sur ce texte pour en proposer une approche problématisée (environ 10 mn) qui introduira une discussion avec le jury (environ 15mn).

  3. Composition du jury : le jury sera composé d’un enseignant relevant de chacune des trois séries concernées par l’épreuve (Lettres et Arts, Langues vivantes, Sciences humaines).

Attendus :

 

Cette épreuve ne doit pas faire l’objet d’une préparation en khâgne qui risquerait de desservir le candidat plutôt que de le favoriser. Le jury n’attend pas du candidat, dans les dix minutes qui lui sont imparties, une analyse minutieuse et académique de l’extrait proposé, ni la récitation d’une fiche de lecture. Il attend au contraire que le candidat, prenant appui sur l’extrait qui lui aura été proposé, rende compte de façon argumentée et personnelle de la réception qui est la sienne de l’ouvrage, de son propos, de sa méthode, du mode d’approche de son objet. Il appartiendra donc au candidat, à partir de l’extrait qui lui aura été proposé, de déterminer l’angle d’attaque le plus pertinent pour construire son exposé. Le jury souhaite engager ensuite avec le candidat une discussion libre et ouverte. Il n’entend pas ouvrir un débat de spécialistes, mais mesurer la qualité de la lecture critique effectuée par la candidat, apprécier sa compréhension du livre, de ses enjeux et de ses démarches, discerner l’évaluation qu’il produit de cet ouvrage comme lieu et mode d’interrogation et de compréhension du monde et des sociétés.

Dans le cadre de la restructuration du paysage de l’enseignement supérieur, et, plus précisément pour nous, dans le cadre de la mise en place de la BEL et de l’élargissement des débouchés pour les khâgneux, il est essentiel que les candidats aient une vision claire de la spécificité de chacune des écoles auxquelles ils peuvent prétendre. Par cette épreuve spécifique, L’ENS de Lyon souhaite rendre à la lecture d’ouvrages de lettres et sciences humaines toute la place qui leur revient dans une solide formation littéraire. Elle entend ainsi contribuer à ce que l’ensemble des khâgneux, quel que soit le métier auquel ils se destinent, acquièrent une meilleure compréhension de ce qu’est le travail et le rôle de l’intellectuel et du chercheur en lettres et sciences humaines, et souhaite que ses futurs élèves soient pleinement conscients de la nature de la formation qui leur sera dispensée et des métiers auxquels elle les prépare.

 

Ouvrage mis au programme relevant d'une approche historique, concours 2023 et 2024 (éditions au choix des candidats) :

aucun

 

Ouvrage mis au programme relevant d'une approche historique, concours 2024 et 2025 (éditions au choix des candidats) :

aucun

 

Précisions apportées par le jury

La nature de l’épreuve :

 

Le point de départ est-il bien un extrait d’une des œuvres à étudier ?

Oui. Une photocopie d'une longueur d'une ou deux pages (selon la densité, la mise en page, le contenu...) de l’ouvrage sera distribuée avec l’ouvrage complet en appui.

 

Le candidat devra-t-il étudier le texte, en analyser le contenu ou jouira-t-il d’une certaine marge de manœuvre pour effectuer ses développements, pour choisir ou hiérarchiser les thématiques qu’il développera ?

Il s’agit bien de partir de ce que propose le texte, mais ce n’est pas une explication du texte qui est demandée. Le candidat doit présenter le texte, expliquer son idée centrale, puis choisir un axe de discussion concernant l’un des enjeux généraux ou la démarche mise en œuvre dans l’extrait. Il dispose donc bien de marges de manœuvre, mais il est lié d’une part par l’extrait dont il doit partir, et par l’esprit de l’épreuve (compréhension des démarches et des enjeux des sciences humaines).

 

Quelles sont les attentes du jury en matière de repères et de contexte culturel pour les ouvrages au programme (contexte intellectuel de leur production, réception, prise en compte ultérieure dans les champs disciplinaires…) ? Quelles sont les attentes du jury sur la mise en perspective de ces extraits par d’autres textes (antérieurs, contemporains ou postérieurs) ?

La connaissance du contexte global de production et réception de l'œuvre évidemment est utile pour la compréhension des textes. Mais il ne s'agira en aucun cas de faire un exposé visant à déployer ses connaissances de façon globale et déconnectée du texte proposé. Le jury n’attend pas du candidat qu’il explique un extrait par d’autres ouvrages du même auteur. Il n’attend pas non plus qu’il maîtrise le champ disciplinaire concerné par tel ou tel aspect du texte. On peut bien entendu éclairer l’extrait par d’autres textes, mais il n’y a aucune attente précise du jury. Une compréhension intelligente de l’extrait et de l’ouvrage dont il est issu doit suffire à la réussite de l’épreuve.

 

Si l’attente est bien la manière dont le candidat devra se positionner face à un ouvrage et à son extrait, comment le jury repérera-t-il la part de l’approche personnelle de celle résultant d’un travail préparatoire spécifique qui aura pu être effectuée dans certains établissements ?

Il doit bien y avoir un travail préparatoire, mais il doit être celui du candidat qui a lu les œuvres et les a assimilées et comprises par lui-même. Il ne s’agit en aucun cas de réciter des fiches sur les œuvres ou les auteurs. L’entretien sera notamment le moment où le jury pourra mesurer si le candidat a une connaissance personnelle des œuvres proposées.

 

Le jury attendra-t-il des analyses correspondant aux lectures repérées dans le champ des productions intellectuelles ou acceptera-t-il des approches moins conformes si elles sont argumentées et cohérentes ?

Si par là, il faut entendre que le jury attendrait des lectures « canoniques » de l'œuvre : non. Pour autant toute approche « moins conforme mais argumentée et cohérente » n'est pas non plus acceptable dans la mesure où l'épreuve relève de la culture générale en sciences humaines, c’est-à-dire d’un domaine s’inscrivant bien dans le « champ des productions intellectuelles ». Les candidats peuvent mobiliser l’ensemble de leur savoir dans le domaine des sciences humaines : historique, littéraire, philosophique, géographique, histoire des idées, civilisation étrangère, etc.

 

Le questionnement pourra-t-il, en fin d’épreuve, porter sur d’autres aspects de l’ouvrage ? Sur les autres œuvres au programme ?

D’autres aspects de l’ouvrage pourront être introduits dans la discussion, mais uniquement si elles ont un lien avec la thématique évoquée, et pour ouvrir la discussion, il ne s'agira en aucun cas de poser des questions « pêche à la ligne » déconnectées de l'exposé de l'élève. Rappelons que l’explication d’un extrait suppose souvent la référence à d’autres aspects de l’ouvrage et que l’entretien sera l’occasion de vérifier la connaissance par le candidat de l’ouvrage.

Par ailleurs, une manière de faire apparaître les enjeux de l’un des textes au programme (par l’intermédiaire d’un extrait) est de le confronter avec d’autres (Arendt et Vernant sur la Grèce, Ginzburg et Vernant sur l’histoire, Arendt et Beauvoir sur la politique, etc.). L’entretien fournira également l’occasion de vérifier la connaissance du programme.

 

 

 

Quelques précisions quant aux attentes concernant l’exposé et l’entretien.

Le candidat dispose d’une heure de préparation, pour 10 minutes d’exposé et 15 minutes d’entretien. Le temps de préparation est donc suffisant pour permettre une lecture approfondie de l’extrait et relire quelques courts passages de l’ouvrage qui est également mis à sa disposition. Sa compréhension de l’extrait devrait excéder ce qu’il aura le temps de présenter en 10 minutes, de même que sa compréhension du rapport de cet extrait avec le reste de l’ouvrage. L’entretien pourra lui donner l’occasion d’approfondir son propos dans ces deux directions. La troisième direction prise par l’entretien concernera la manière dont le candidat aura proposé de formuler un enjeu ou d’entamer une discussion critique du texte, et elle fournira l’occasion de travailler les références extérieures à l’extrait qui auront été mobilisées par le candidat, voire à introduire dans la discussion les autres ouvrages au programme.

 

L’exposé proprement dit

L’exposé, de 10 min, devrait comporter trois moments. En effet, dans l’esprit de l’épreuve, le candidat doit rendre compte de l’appartenance de l’extrait à l’ouvrage, présenter son idée principale, et élaborer un enjeu ou engager une discussion critique. Ces trois moments correspondent aux trois moments de a) l’introduction, b) l’analyse de l’extrait, c) l’élaboration personnelle. On peut imaginer que les dix minutes se répartiront comme suit : a : 2-3 minutes, b : 3-4 minutes, c : 3-4 minutes.

 

Introduction : situation et idée principale de l’extrait

L’introduction doit situer l’extrait, soit dans l’économie d’ensemble de l’ouvrage, soit par référence aux objectifs spécifiques d’un chapitre (les deux démarches n’étant pas exclusives).

Elle doit également identifier l’idée principale, ou la thèse fondamentale, de l’extrait.

 

Analyse : comment l’idée principale est-elle formulée dans l’extrait ?

L’analyse de l’extrait est axée sur ce qui a été identifié comme son idée principale. Le travail doit consister à expliquer son sens, et à analyser la manière dont elle est formulée dans l’extrait : quels sont ses différents aspects ? quels sont les principaux moments de l’argumentation qui la soutient ? Les modalités de cette analyse dépendent bien entendu de la nature du texte.

 

Elaboration personnelle

Le cadre de l’élaboration personnelle est précisé par le texte officiel lorsqu’il mentionne « la lecture critique effectuée par le candidat, (…) sa compréhension du livre, de ses enjeux et de ses démarches, (…) l’évaluation qu’il produit de cet ouvrage comme lieu et mode d’interrogation et de compréhension du monde et des sociétés ». Cela signifie que l’élaboration personnelle peut s’orienter dans deux directions:

- Formuler un enjeu général de l’extrait. Ces enjeux peuvent concerner les objets des sciences humaines (« le monde et la société »), ou bien les méthodes (« les démarches ») qu’elles mettent en œuvre et qui les distinguent les unes des autres. La confrontation des positions de l’auteur commenté avec celles d’autres auteurs peut-être utile dans un cas comme dans l’autre.

- Développer une réflexion critique sur la thèse ou les démarches de l’auteur. L’élaboration personnelle ne doit pas se limiter alors à critique interne de l’extrait ou de l’auteur. Elle doit s’inscrire dans un cadre de réflexion plus large, celui fixé par les ouvrages du programme et plus généralement, l’ensemble de la culture en sciences humaines acquises par le candidat au cours de ses études et au fil de ses lectures personnelles.

 

Compte tenu de la limitation du temps imparti, il est fortement recommandé au candidat à ne retenir qu’un axe d’élaboration personnelle : un seul enjeu, ou une seule ligne de réflexion critique.

 

L’entretien

D’une durée de 15 minutes, il devrait porter pour moitié environ sur le texte, sa compréhension et son lien avec l’ouvrage dont il est extrait, et pour moitié environ sur l’élaboration personnelle présentée par le candidat, sur les références qui ont été mobilisées pour l’étayer, et sur la manière dont elle pourrait être prolongée en mobilisant les autres textes du programme.

 

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